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Les mythes de l'allaitement
- Osteonanas
- 22 déc. 2024
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 janv.
L'allaitement maternel, bien que reconnu pour ses nombreux bienfaits, est souvent entouré de mythes et d'idées reçues qui peuvent influencer les perceptions et les choix des parents et futurs parents.
Dans ce post nous allons lever le voile sur tout ce que l'on peut entendre et lire sur l'allaitement.
"Tu n'as pas assez de lait !"
Nous sommes sur le top 1 des mythes qui circulent encore de nos jours, et il ne date pas d'hier ! Ma mère, elle-même, m'a raconté qu'on lui avait dit cette phrase à la maternité suite à sa montée de lait qui tardait à venir..
Et pourtant, il n'y a pas plus absurde comme phrase à dire à une jeune maman. Affirmer à une femme qu'elle n'a pas assez de lait pour nourrir son enfant relève réellement d'une incompréhension totale des mécanismes biologiques et psychologiques de l'allaitement et peut nuire profondément à sa confiance en elle.
La production de lait maternel fonctionne selon une logique mécanique (stimulation), hormonale (ocytocine et prolactine), psychologique (bien-être et détente) et neurologique. Les cas de réelle insuffisance lactée sont extrêmement rares et souvent liées à des conditions médicales spécifiques.
En répétant ce type de message infondé et dénué de sens, on alimente des doutes inutiles chez la mère. Dire à une femme qu'elle n'est pas capable de nourrir son enfant va à l'encontre de la confiance en son corps, pourtant conçu pour répondre à ce besoin fondamental.
"Ton lait n'est pas assez nourrissant après les 6 mois de ton bébé, il faut absolument que tu complète avec du lait artificiel"
Contrairement à la composition du lait artificiel qui reste la même pendant toute une période, avant de devoir changer de boite, la composition du lait maternel évolue en permanence pour répondre aux exigences spécifiques de croissance et de développement de l'enfant.
Même après les débuts de la diversification alimentaire, le lait maternel constitue une source précieuse de nutriments, de protéines, de graisses et d'anticorps qui ne se trouvent dans aucun autre aliment et qui renforcent le système immunitaire de bébé. Il devient alors essentiel en comblant les besoins de l'enfant lors d'épisodes de maladies ou de transitions alimentaires.
Continuer son allaitement après les 6 mois de bébé est finalement bénéfique pour sa santé et son développement global.
Evidemment, il est bon de noter que la composition du lait évolue même si l'enfant n'est plus exclusivement au sein ou si la maman a opté pour un tire-allaitement exclusif.
"Si ton bébé a du mal à téter c'est normal, tu n'as pas de bout de sein !"
Grande question quant à l'utilisation des bouts de seins! Ils sont d'ailleurs très recommandé lorsque vous vous apprêter à faire la liste de naissance dans les magasins de puériculture.
Mais bien qu'utiles dans certaines situations, ils doivent être utilisés de manière temporaire et avec précaution. Ils peuvent aider en cas de douleurs intenses mais leur usage prolongé peut interférer avec une tétée efficace et entrainer une diminution de la lactation.
Si un bébé a du mal à téter, il est essentiel de vérifier sa position au sein et de la réadapter au besoin. Il est aussi fondamental de consulter un professionnel de santé, un ostéopathe spécialisé ou une consultante en lactation pour évaluer la succion de bébé.
Les problèmes de succion peuvent très souvent être corrigés avec le bon accompagnement.
"Si ton bébé ne fait pas ses nuits c'est à cause de ton allaitement."
Les réveils nocturnes chez les nourrissons et les enfants sont physiologiquement normaux et font partie de leur développement, indépendamment de leur mode d'alimentation. Que bébé soit allaité ou nourri au biberon, son rythme de sommeil est influencé par la maturation de son cerveau, son besoin de proximité et de sécurité, et les cycles de sommeil encore immatures.
Blâmer l'allaitement pour des réveils nocturnes c'est, encore une fois, méconnaitre les besoins physiologiques et émotionnels d'un nourrisson.
Sans oublier que chaque bébé a son propre rythme et que ces réveils font partie intégrante de son développement. Plutôt que de chercher à les supprimer, il est plus bénéfique de comprendre et d'accompagner bébé avec bienveillance.
"Il ne faut pas congeler son lait plus d'un mois sinon il ne correspondra plus aux besoins de ton bébé."
La congélation prolongée diminue légèrement la valeur nutritive du lait maternel mais reste néanmoins adapté à bébé.
Si par contre vous avez beaucoup de stocks et que vous souhaitez donner du lait maternel plus récent à votre enfant, vous pouvez faire don de votre lait à un lactarium ou expérimentez des recettes avec !
"Le biberon c'est quand même plus pratique que l'allaitement"
Le choix entre donner le biberon ou donner le sein en terme de praticité est une notion totalement subjective, car il dépend de l'organisation propre à chaque famille et de leur priorités.
Il est important de rappeler que chaque famille est unique en sa manière de s'organiser et ce qui fonctionne pour une personne peut ne pas convenir à une autre. L'essentiel est que le choix soit en accord avec les besoins, les préférences et les ressources de la bulle familiale, sans se laisser influencer par les jugements extérieurs (et les idées reçues!).
"Si tu donnes qu'un sein à ton bébé tu vas diminuer ta lactation car tu auras moins de stimulation."
Si un bébé tète toujours le même sein, cela peut avoir un impact sur la production de lait du sein non stimulé car il y aura un rétrocontrôle négatif signalant au corps de réduire, voir d'arrêter la production de lait dans ce sein. En revanche, le sein qui est constamment stimulé continuera de produire du lait et tentera de s'adapter à la demande de bébé.
Cependant, il est généralement conseillé de proposer les deux seins au cours d'une même tétée, surtout si vous sentez bébé favorable.
Dans le cas où bébé montre une préférence marqué pour un sein, il est possible de stimuler le sein moins utilisé à l'aide d'un tire-lait. Cela peut être particulièrement bon pour avoir une stimulation équilibrée dans la poitrine, constituer des réserves en vue d'une reprise de travail, ou même d'envisager un don au lactarium. Le lait collecté peut également être utilisé pour des préparations maisons comme des purées ou autres recettes bébé.
Cela permet de maximiser les bienfaits du lait maternel tout en répondant aux besoins spécifique du bébé et des parents.
"Tes mamelons n'ont pas la bonne forme, c'est pour ça que ton bébé n'arrive pas à téter." | "Ta poitrine définie la position d'allaitement que tu devras prendre pour nourrir ton bébé."
Il est important de démystifier l'idée selon laquelle il existerait une "bonne forme" de mamelons ou de tétons pour réussir son allaitement. En réalité la réussite d'un allaitement ne dépend pas de la forme ou de la taille des mamelons, mais plutôt de la position de bébé, de sa prise au sein et de sa succion. Même dans des situations qui paraissent plus complexes où des mamelons plats ou invaginés peuvent interrogé, des ajustements simples et un accompagnement bienveillant permettent souvent de surmonter ces difficultés.
Il est donc impossible de prédire à l'avance simplement en observant la poitrine de la femme si l'allaitement sera réussi ou non, chaque duo mère-bébé est unique et l'allaitement peut être comparé à un puzzle : il s'agit de trouver la bonne manière pour que chaque pièce s'emboitent harmonieusement.
Chaque allaitement est une expérience unique, construite dans l'échange entre une mère et son enfant, et non définie par des caractéristiques physiques.
"Si tu veux continuer ton allaitement ne lui donne surtout pas de biberon, sinon ton bébé confondra et ne voudra plus de ton sein !".
Un bébé sait parfaitement faire la différence entre un biberon en plastique et le sein de sa mère. Ce qui influence réellement ses préférences c'est le débit du lait.
Le lait maternel demande plus d'effort à bébé pour l'extraire du sein alors que le biberon offre un débit constant et rapide demandant moins d'effort de succion à bébé.
Pour éviter ce phénomène de préférence, il est essentiel de bien s'équiper en terme de biberon si l'on souhaite alterner sein et biberon.
"Ton bébé ne prend pas assez de poids, tire ton lait avant et ne lui donne que la fin pour avoir le lait gras."
Des recherches ont montré que le concept de "lait gras" n'est pas aussi simple que ça et que la dynamique est beaucoup plus complexe. En réalité la composition du lait maternel évolue bien au cours de la tétée mais la transition entre les différents apports n'est pas nette et dépend de l'efficacité de la succion de l'enfant et de son âge.
Il est bon de noter que le plus important dans la prise de poids et la croissance de bébé c'est le volume total de lait consommé par période de 24 heures, et pas combien de temps il reste au sein.
"Ton bébé explose les courbes de croissance, tu devrais le rationner sur ses tétées."
Il est souvent observé que les bébés allaités prennent davantage de poids durant leur 3 premiers mois de vie en comparaison d'un bébé nourris au lait artificiel, et on retrouve des courbes jugées souvent hautes dans leur carnet de santé.
Mais il faut savoir que les courbes de poids présentes dans le carnet de santé que l'on vous remet à la maternité sont établies sur la base des courbes de poids des nourrissons nourris au lait artificiel. Ces courbes ne tiennent pas compte des particularités de l'allaitement, ce qui peut induire une évaluation erronée du poids de bébé et amener à des situations fâcheuses, comme la restriction des tétées. Ce qui est aberrant car cela peut entrainer du stress pour l'enfant et perturber l'allaitement.
Il est recommandé, dans le cas d'un bébé allaité, d'imprimer les courbes de poids de l'OMS et de les substituer à celles présentent dans le carnet.
Et il est bon de se rappeler que chaque bébé est unique et que les courbes de poids et de croissance doivent être interprétées avec soin en tenant compte du mode d'alimentation de l'enfant.
"Si tu donnes du lait artificiel une fois, ton allaitement est fichu !"
Si pour une raison ou un autre, vous avez dû donner du lait artificiel à votre bébé, sachez que cela ne signifie pas l'arrêt de votre allaitement. Il est tout à fait possible de poursuivre ou de le démarrer plus tard que prévu de manière sereine en adoptant les bons gestes et en favorisant une stimulation efficace.
Dans ces cas là, n'hésitez pas à vous faire aider par un professionnel de santé ou conseillère en lactation.
"C'est égoïste de vouloir allaiter, tu as pensé au papa ?"
Bien que l'allaitement maternel soit une connexion unique entre la mère et le bébé, le rôle du papa y est tout aussi essentiel. Sa présence, son soutien et son implication contribuent grandement à la réussite de cette expérience et permet à la maman et à bébé de vivre cette période dans un climat d'amour et de complicité.
"Prends de la bière sans alcool, tu verras tu vas booster ta lactation !"
Le malt peut effectivement avoir un impact sur le taux de prolactine, une des deux hormones qui ont un rôle dans la lactation, mais cet effet n'est perceptible que chez certaines femmes.
On ne peut donc pas dire que cette phrase est fausse mais il est inexact d'affirmer qu'elle soit vraie car cet effet n'est pas systématique ou universel. Cela dépend des particularités physiologiques de chaque femme.
En cas de baisse de lactation vous pouvez néanmoins tester cette astuce et vous tournez également vers des thérapeutes qui pourront vous aiguiller et rebooster votre lactation.
Au final, les nombreux mythes qui entourent l'allaitement trouvent souvent leur origine dans une méconnaissance ou une mauvaise compréhension de son fonctionnement. Ces idées reçues, bien qu'ancrées, peuvent semer le doute et décourager de nombreux parents. Pourtant l'allaitement est un processus naturel qui mérite d'être mieux compris et soutenu.
En s'informant auprès de sources fiables, en échangeant avec des conseillères en lactation, des accompagnantes en allaitement, des ostéopathes spécialisées et des professionnels de santé formé à l'allaitement, chacun peut déconstruire ces croyances et adopter une vision éclairée.
Comprendre l'allaitement, c'est se donner les moyens de le vivre sereinement et de soutenir celles qui font ce choix.
Et n'hésitez pas à vous faire accompagner tout au long de cette aventure dès que nécessaire.
Un grand merci à toux ceux qui ont permis le recueil de ces mythes : patients, amis, parents, abonnés.
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